Monday, May 21, 2007

Le Pavillon aux Pivoines II

. La Naissance
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Il était le cinquième jour du cinquième mois (minazuki, le mois de l'eau) du quatrième année de l'ére d'Owa (965). L'été vennait d'entrer; une legère brise mouvait les rideaux de bambou faisant un faible son qui accompagnait la respiration entrecoupé et gémissante d'une femme qui était sur le point de donner le jour.

Dans la chambre aménagée de salle d'accouchement improvisée on sentait le doux parfum des pivoines récemment coupées -placées là puisqu'on savait que ces fleurs portent bonheur (le propre nom de peoniae, nom latin d'oú derive pivoine, signifie "le guerisseur" ou "le secourable")-.

À l'heure du lapin (cinq heures du matin) va naître, au sein d'une famille de la noblesse moyenne -les Kiyowara-, une fille comme tant d'autres...

Mais cette naissance aurait une particularité: la première image qui virent les yeux encore aveugles de la nouvelle-née fût-elle un vase avec des pivoines legèrement rosées... et, alors, au lieu des traditionnels sanglots elle va ébaucher un sourire. Sa première inhalation fût donc le resultat de la joie, pas des pleurs, et cette inhalation, en plus, le fournit sa première sensation odeureuse: le parfum des pivoines.

Cette façon si singulier d'entrer dans le monde se considera de bon augure, mais bien peu imaginait Kiyohara Monosuke ce que la destinée lui aurait réservé à celle qui serai son fils unique.
Kiyohara Monosuke était un officier au service de l'empereur et poète dans son temps libre dont son aspiration était faire du zèle pour monter de rang -et marier proprement une fille était une belle façon de le faire-. Ainsi donc, Kiyohara était heureux avec sa paternité récemment étrennée.

La fille fut appelée Nagiko, bien que le nom avec lequel elle restera à l'histoire de la litterature serai Sei, Sei Shonagon...

Mais, peu à peu.

Pendant ce temps là, la vie à la cour de l'empereur s'adonnait aux arts, la litterature, la poésie, les activités galantes et à embellir le temps avec des riens.
Les femmes étaient considerées en une double aspect: son capacité de femelles réproductives et son fonction décorative; mais au contraire de ce qui se passera plus tard, à l'Époque Heian les cours des emperatrices étaient vraies centres culturelles oú se donneront les premiers pas pour une naissante culture litteraire... et seraient les femmes, surtout, les chargées de mener à bien cette tâche.

L'avenir réservé à cette fille de la noblesse on trouvait donc à côté de ces cercles cultes et raffinés.
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.(à suivre)
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