Monday, May 07, 2007

Die Nibelungen

Je viens de revoir un film muet qui est à l'origine du cinèma européen: Die Nibelungen (1924). La grande épopée du monde ancien germanique.
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Les précédents
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Après que DW Griffith réalisait deux des plus grands chef d'oeuvres cinèmatographiques de tous les temps: Intolerance (1915) et Le Naissance d'une Nation (1916) -aussi muets-, un jeune réalisateur allemand, Fritz Lang, commençait sa carrière comme l'un des plus réputés réalisateurs et scènaristes du septième art.

Appartenant au groupe de génials artistes allemands qui donnèrent lieu au mouvement expressioniste (F.W. Murnau, Robert Wiene), Fritz Lang avait déjà réalisé à 1921 Der Müde Tod (Les Trois Lumières) et à 1922 le premier film de la saga du Dr Mabuse: Dr Mabuse der Spieler (Dr Mabuse le Joueur).
D'après le succès de ces films il va prendre la détermination d'entreprendre son plus ambitieux projet jusqu'alors: raconter l'epopée germanique par excellence: la légende des Nibelungen. Une histoire qui est prèsent à les pays borèals (eddas) tant qu'à les origines légendaires germaniques. Dans tous les deux cas il s'agit d'un épisode d'une sorte de cosmogonie ou téogonie nordique-rhénane dont l'âme humaine y reste soumise aux desseins de la destinée et oú les forces primordiales d'un monde fantastique ne distinguait pas parmi hommes et dieux.
À côté de son épouse, Thea Von Harbou, monsieur Lang va écrire le scènario faisant une synthèse des mythes nordiques et germaniques, sans perdre de vue la version déjà élaborée par Richard Wagner dans L'Anneau des Nibelungen. Le résultat serait une grande oeuvre de plus de cinq heures de durée conçue comme un hommage au peuple allemand oú les études DECLA-UFA FILM ne vont pas à s'ârreter en dépenses.
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Le film
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Le film sont deux: Die Nibelungen: Siegfried et Kriemhilds Rache.

Dans Siegfried on raconte une histoire d'héros, de fantaisie, de courage, de sentiments de noblesse mais aussi de tromperies, de subterfuges, de mensonge et de trahison, mais surtout d'une destinée impitoyable: l'héros Siegfried va mourir victime de son propre courage et sa loyauté, bien sûr, mais aussi victime de son esprit enfantin (paradoxalement comme s'il était un dieux mortel) et de sa naïveté insouciante; un enchaînement de promesses croiseés feront le reste.
Dans la vengeance de Kriemhilde (Kriemhilds Rache) on arrive à l'expression plus parfaite jamais tournée sur l'esprit de Némésis. Rien n'arrête la soif de vengeance de cette femme amoureuse de l'héros, même pas le fils, jusqu'à finir avec la destruction de sa propre famille, de sa propre sang (peut-être un clin d'oeil vers l'âme contradictoire du peuple allemand?, une insoupçonnée prémonition?).
Le style du film n'est pas purement expressioniste mais il y en a des influences surtout dans les décors et le traitement des ombres pour créer des effets plus dynamiques et intenses. Ainsi une nature fantastique -et fantasmagorique- vit avec les lignes tordues des portes, les lignes anguleuses des intérieurs ou la magnificence sobre des palais; le hiératisme de la cour des nibelungen contraste sur les gestes exagerés des barbares huns...

On peut reconnaître plusieurs influences sur des films postérieurs de certains plans (c'est un bon exercice analogique et mémoristique).
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L'histoire on déroule à quatre théâtres differents:
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le premier, est le fantastique forêt oú Siegfried vit chez le forgeron Mime et oú commence ses adventures forgeant l'épée qui touera le dragon, c'est un ambiance magique de lutins et de nain forgeurs de trèsors, d'arbres tordues ou immenses, de forêts impénétrables, de pénombres et de lumière irréelle;
le second, est le pays des Burgundes (= nibelungen = hommes de la brouillard = allemands?), pays peuplé d'esprits mesurés et hiératiques, de lignes carrés et dècor nu, sobre et contenu propre d'une civilisation developpée;
le troisième, le royaume borèal d'Islande oú le feu garde la reine Brunhilde -cette improbable walkyrie- qui sera déterminant pour les évenements futurs (ici, le scènario s'écarte de la lègende qui fait de cette walkyrie le vraie aimée de Siegfried);
le quatrième, les inhospitaliers et barbares domaines du terrifiant roi hun Attila, Seigneur de la Terre.
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Les atmosphéres recrées dans ces quatre enceintes sont très bien obtenues: le résultat est que l'effet sur le espectateur est direct et, par conséquent, sa conscicence menée à cet état oú les évenements racontés sur l'écran deviennent complètement vraisemblables. En outre, la consistence d'un scènario convaicant tissé et élaboré comme une oeuvre d'orfèvrerie suscite d'une façon facile l'analogie avec des situations extrapolables à d'autres époques. C'est donc un film qui on peut considérer moderne et intemporel en même temps. C'est une vraie tragédie grecque -ou Shakespearienne-.
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Le Langage.
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Malgré son caractère muet -et l'emploi du geste de cette façon propre si exageré qui permet de substituer les paroles- nous nous trouvons avec un exercice de style que laisse déjà voir l'auteur de Metropolis et M le maudit (film parlé mais qui conserve encore une certaine esthétique expressive gestuelle, réminiscence de l'époque muet). Les acteurs et les actrices ne parlent pas, mais ils dissent tout avec l'expression gestuelle, es facile les comprendre, plutôt ils sont capables de transmettre nettement les sentiments et les émotions appuyés par un éclairage expressioniste superbe (voir les danses des huns, les premiers plans de Siegfried, les effets spéciaux, etc.) et des décors très convaicants et apropriés.

Il y a deux petits courts à l'intérieur de la trame. Une animation figurative d'un rêve prémonitoire et un autre insert d'images progressives pour réforcer le message des sentiments subjetifs de Krimhield après la mort de Siegfried, tous les deux d'une modernité absolue (se souvenir de Vertigo, et tant d'autres).
Je l'ai déjà dit, sans être un film entièrement expressioniste, il y en a des traits, ici et là, typiquement expressionistes: lumière, ombres, atmosphères irréelles, abstraction... Mais, aussi il y a des concessions à la nature, au cartésianisme des angles rects et les parallèles (malgré les zig-zags expressionistes des costumes), au réalisme des joyaux et la solide magnificence des forteresses, les scènes à champ ouvert, les batailles -les flèches incendiaires- etc., pleins de symbologie et d'un aproche narrative au réalisme magique, ou simplement au réalisme.
Parfois, on utilise le flash-back/superposition pour rappeler scènes très antèrieurs ou pour faciliter la comprehension d'une scène.
Les effets speciaux sont bien réalisés (brouillard, feux, perspectives, maquettes, si bien on pourrait améliorer.le dragon.
En synthèse, un langage clair mais dense, émotif mais rationnel, symbolique mais simple. Un film muet avec un langage très sonore.
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Rapports
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En ce qui concerne au théme, le rapport plus immediate on établit avec la tétralogie de Richard Wagner, L'Anneau du Nibelung. La monumentale oeuvre wagnerienne suit plus de près les récits originals (Eddas et légends rhénans), mais ajoutant beaucoup de nuances classiques, dans le sens grecque du terme, que la légende ne contemple pas. Il faut dire que R. Wagner essaya de faire l'oeuvre totale avec L'Anneau... Ainsi, la musique, la poésie, le théâtre et la peinture son présents d'une façon armonique et naturelle. Quinze heures de festival suffissent pour découvrir la version du génie de Bayreuth de cette légende/épopée.

L'influence de la légende des Nibelungen sur Tolkien et son Seigneur des Anneaux (l'oeuvre litteraire, pas le film) est manifeste, mais, une autre fois son rapport avec L'Anneau du Nibelung wagnerien est plus prochain.

À ne pas oublier que Die Nibelungen, de Lang-Harbou, est un scènario écrit expressément pour le film. Il est donc un distillé, une synthèse, pensé pour le cinèma. Et le cinèma a ce pouvoir pour convertir une simple idée en toute une histoire de deux heures ou bien condenser une épopée comme l'Iliade ou Die Nibelungen en trois ou quatre heures.

En ce qui concerne à la catégorie filmique, les rapports sont plus nombreux, avec les déjà cités films de DW Griffit et du propre Lang (voir plus haut, au début de l'article), le Napoleon de Abel Gance, Ivan le Terrible de Sergei M. Eisenstein, et après, à l'Orient, Chushingura de Kenji Mizoguchi ou le cinèma d'Akira Kurosawa, sont-ils des examples du bien faire au cinèma à l'heure de raconter des histoires épiques.
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Conclusion

Le bon cinèma marquera toujours la créativité postérieure. Les grands créateurs d'histoires, les grands génies de l'art jamais laissent indifferent au spectateur. L'empreinte du génie se développe et se transmet comme un virus infectant les organismes moins doués. Quelques fois les clins d'oeil d'autres génies plus tardives font un hommage à ces pionniers qui eurent le défi de créer un art nouveau. Fritz Lang fût un de ceux génies. Die Nibelungen fût une de ces oeuvres qui ouvrent des chemins, qui agrandissent des horizons.

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.Walhalla: Site sur la mythologie germanique en général et la légende des Nibelungen en particulier -une jolie introduction avec les premiers accords du Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss (oeuvre employée à nombreuses occasions -2001: a Space Odissey, p.e.- (voir ici: Nibelungen Edda ou Mythologie Germanique).

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