Monday, August 21, 2006

Changes




















Sa vie se finissait. Et lui, il le savait.

Le poids de ses pêchés l'avait voûté le dos comme l'arche d'un pont romaine, aussi vieille.
La peau molle et rugeuse lui pendait partout.
Une horrible grimace déformait son visage et de ses lévres tordus s'écoulait un filet de bave viscose.
Ses yeux, jadis beaux et hautains, s'abîmaient dans les orbites ménaçant disparaître dans la profondeur du cerveau.
Son crâne aurait pu être confondu avec celui d'une momie egyptienne, nu, bombé, dolichocéphale; une pelouse clairsemé, raide et grisâtre couronnait cette tête alienienne.
Les bras tombaient comme deux branches séches aux côtés du tronc contrefait; les mains aux doigts noueux semblaient des racines de mandragore.
Ce corps déforme était planté sur deux jambes courbées d'une façon invraissemblable, telles que des arcs outrepassés, ce qui lui donnait un air presque comique alors qu'il marchait.

Son aspect était vraiment épouvantable.

Mais le pire c'était quand il parlait. Par la bouche presque édenté sortait un son pareil à l'écho d'une voix d'outre-tombe, une voix qui pouvait être celle du big-bang originel, si lointaine qu'elle parissait provenir des confins de l'Univers, si ancienne qu'elle pourrait avoir existée depuis la nuit des temps. Une telle voix aurait servi comme vehicule des tonnants dieux dans les oracles chez les grecs de l'âge d'or, l'âge des tragedies euripidiennes.

Cet avorton de la nature vivait tout seul dans une grande batîsse mal conçue des alentours de la ville près d'une zone boisé et à l'autre côte de la ruisseau sale et malodorante qui servait de cloaque circonstanciel.

On disait que toutes les nuits on écoutait la même chanson sortant de ces inhospitalières ruïnes.

Personne savait d'oú il était venu, mais aussi on disait que cette terrible apparence sortie d'une cauchemar avait été autrefois un homme charmant et attirant que par un étrange sortilège on va se transformer dans ça. L'imagination des gens résout de cette façon l'insupportable angoisse de l'inconnu.

S'ils eussent su la verité, peut-être qu'ils n'auraient pas été si bénévoles. Mais...

...C'est une histoire pour une autre jour.

(Extrait de FéliFictions)

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