Wednesday, February 21, 2007

Iwo Jima, Eastwood, Symboles et Mensonges (II)

2. Flags of Our Fathers.
Le prolifique Clint Eastwood, malgré ses soixante-dix-sept ans, continue à tourner un film chaque année -ou deux-! C'est incroyable! Bon, aussi Woody Allen (72), Manoel de Oliveira (93, et continue encore!), mais aussi les disparus John Ford (81), Akira Kurosawa (88),... le génie ne vieillit jamais.

Dans cette occasion il fait une révision de l'histoire posant son regard critique sur un épisode mythique de l'imaginaire américaine: la Bataille d'Iwo Jima et l'affaire de la très célèbre photo Raising the Flag on Iwo Jima.
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Le mensonge est-il justifié bien qu'il soit pour une bonne cause? Existent-elles bonnes causes qui justifient la tuerie de milles et milles de personnes? Le soldat survivant qui s'est trouvé face à face devant la mort et qui seulement cherchait se sauver à toute côte, est-il un héros, ou simplement un élu du hasard? Est-il licite s'inventer les héros par pure nécessité, par intêret?

Toutes ces questions sont prèsentes dans Flags of Our Fathers, mais manque la force narrative nécessaire pour les répondre avec d'efficace. Le jeu constant des flash-backs -très bien fait et tout un tour de force pour le mixeur- n'est pas suffisant pour créer la tension qu'il faut (Stanley Kubrick fut beaucoup de plus effectif à Paths of Glory). Peut-être que les interprétations soient fallues ou non bien résolues (ou trop chargées de sens: le rôle de la conscience critique de l'indien, le rôle de l'homme honnête et conformiste et le rôle de l'opportuniste nécessaire). Peut-être qu'il manque un peu plus d'hardiesse -oui, un peu de plus!-.
Le fait est que le film n'arrive pas à émouvoir.

Oui, c'est vrai, on nous dévoile le mensonge, mais ce ne suffit pas. Nous ne pouvons pas nous identifier avec aucun rôle, nous ne pouvons pas nous mettre dans la peau d'aucun protagoniste; nous assistons, comme des simples spectateurs, à une histoire qui se déroule à travers d'un filtre, qui n'arrive pas avec l'émotivité suffisante; en termes généraux, trop superficielle. Peut-être l'histoire, elle même, par sa tournure, ne pousse pas à émouvoir. Peut-être qu'il manque la figure -le rôle- de celui qui dévoile, quelqu'un qui était capable de transmettre des émotions, qui jouait le rôle de la conscience objetive et critique, non celle individuelle (à la manière de Harry Dawes -Humphrie Bogart- à The Barefoot Contessa -La comtesse aux pieds nus-, ou de la voix off de The Thin Red Line -La ligne rouge-).
Je ne sais pas,... un ressource narratif -ou visuel- qui tendait un pont plus consistant entre l'histoire et celui qui la voit.

Bien sûr, nous nous trouvons devant monsieur Clint Eastwood, le film est impéccable, il est bien fait, les scènes d'action ont vérisme (c'est le mieux), il est fidèle à les événements historiques, mais... il ne s'envole pas.

Une cronique bien racontée et peu de plus; une fois vue, elle s'oublie vite... et il n'en reste rien d'emotif dans notre mémoire.
La meilleure vertu de ce film est faire plus grand encore la version japonnaise de la bataille: Letters from Iwo Jima...
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(à suivre)
f

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