Thursday, April 26, 2007

Les Roses d'Ispahan

Le parfum évocateur d'un nom sonore et odorant.
Les Mille et Une Nuits, la Persie, les jardins oú se sert à l'amour, les lampes merveilleuses, les génies prévenants, les belles princesses, les sources de lait et miel, les vallées de la jeunesse éternelle, les élixirs et les filtres qui font voyager dans le temps, les tapis volants, les êtres fantastiques, les cités invisibles de murailles plus hautes que les cieux, les sables ardentes du désert et les frais oasis oú se racontent des histoires à la lumière de la lune ...
Leconte De Lisle, le grand poéte Parnassien, qui sans doute avait lu une transcription du parchemin de la Rose Pourpre ou Les lèvres métaphysiques, va écrire un poème joueur dédié à cette rose d'enivrante odeur qui le rappelait son aimée.
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Les roses d'ispahan
(Charles-Marie Leconte De Lisle)

Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse,
Les jasmins de Mossoul, les fleurs de l'oranger
Ont un parfum moins frais, ont une odeur moins douce,
O blanche Leïlah ! que ton souffle léger.

Ta lèvre est de corail, et ton rire léger
Sonne mieux que l'eau vive et d'une voix plus douce,
Mieux que le vent joyeux qui berce l'oranger,
Mieux que l'oiseau qui chante au bord du nid de mousse.

Mais la subtile odeur des roses dans leur mousse,
La brise qui se joue autour de l'oranger
Et l'eau vive qui flue avec sa plainte douce
Ont un charme plus sûr que ton amour léger !

O Leïlah ! depuis que de leur vol léger
Tous les baisers ont fui de ta lèvre si douce,
Il n'est plus de parfum dans le pâle oranger,
Ni de céleste arome aux roses dans leur mousse.
.
L'oiseau, sur le duvet humide et sur la mousse,
Ne chante plus parmi la rose et l'oranger ;
L'eau vive des jardins n'a plus de chanson douce,
L'aube ne dore plus le ciel pur et léger.

Oh ! que ton jeune amour, ce papillon léger,
Revienne vers mon coeur d'une aile prompte et douce,
Et qu'il parfume encor les fleurs de l'oranger,
Les roses d'Ispahan dans leur gaîne de mousse !
b

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