Monday, January 08, 2007

Le pouvoir des images


Runaway Train (1985), de Andrei Konchalovsky, après un solide scènario d'Akira Kurosawa (ici, une très bonne page) , c'est un grand film mineur dont la consistence est cette d'un chef-d'oeuvre, avec scènes mithyques qui demeurent dans la retine du spectateur pour la plus grande gloire du cinèma.

Le film parle, surtout, de la grandeur de l'être humain... et par conséquent de ses misères. Je pense qu'elle est une petite épopée dont les protagonistes sont obligés à affronter une destinée adverse, une de ces situations accidentales qui mettent à l'épreuve la qualité de l'homme (et de la femme, bien sûr)... Alors, le plus mauvais et le meilleur de l'âme humanie affleurent, l'être humain y prend la mesure de soi-même.

Un échantillon du scènario:
-tu est une bête sauvage-... (Buck, le prisonnier jeune, Eric Roberts)
-pis, je suis humain-... (Manny, le prisonnier irréductible, Jon Voight)

Et la citation finale:
"La bête la plus feroce connait la pitié
je ne la connais pas,
et ne suis donc pas une bête"
Richard III, W. Shakespeare

Avec un rythme trépidant et une très bonne réalisation d'acteurs, une surprenant utilisation de la camèra et une superbe bande sonore, cette train-movie capture l'attention tout de suite pour avancer in crescendo vers un climax d'une beauté expressive fantastique: l'homme définitivement maître de sa destinée qui n'a pas peur de rien... et qui sais que la meilleure façon de mourir est celle qui donne sens à tout une vie.

Un superbe Jon Voight joue le rôle d'un prisonniere indomptable (pour moi, son meilleur rôle après Midnight Cowboy) qui rappelle celui de Paul Newman à "Luke la main froide" (Cool Hand Luke) par le caractère obstiné du personnage principal; mais dans cette occasion Manny-Jon Voight est doué d'une ferocité qui magnifie la taille de l'héros, Manny-Jon Voight est un héros plus Shakespearien, plus fondamental, plus épique (c'est la conception tragique que Kurosawa a exprimé constamment dans beaucoup de ses films) tandis que Luke-Paul Newman est un héros plus prochain, plus rebelle, plus moderne.

En outre, Runaway Train, est un film d'une plus grande complexité psicologique des personnages bien que moins chorale que Cool hand Luke (une autre fois la main Kurosawa) dont les silences obligent à prendre parti, à se plonger dans l'action... silencieuse mais tense.

Ici, il n'y a pas lieu pour le manichéisme. Bien et mal n'y ont pas de sens. Ce qui semble le mal se montre comme le bien, et ce qui pareil le bien est la face du mal. Tout est confus, tout est equivoque. Mais sur tout reste clair oú se trouve l'humanité à laquelle nous aspirons, les valeurs plus dignes d'être entraînés. Entre tant de confussion l'éclat vivant des meilleurs qualités de l'homme (parfait le rôle de Rebecca de Mornay, tendre et courageuse en même temps)... et les ombres plus noires de son instinct.

Et le train, la présence de la machine, une machine hors de control, emballée, aveugle, qui parcourt las terres inhospitalières d'Alaska, gelées et blanches, comme un noir ver de fer, comme une prison ambulante -c'est une autre caractéristique du cinèma de Kurosawa: l'orageuse rélation homme/machine.
D'une certaine façon cette machine roulant rappelle à ce camion effrayant de Duel, premier film de Steven Spielberg, oú un camion, dont le chauffeur n'apparait jamais, poursuivis sans relâche un pauvre employé de commerce. Dans les deux cas, la machine semble douée d'une intelligence propre (plus diabolique le camion, plus deus ex machina le train).

À remarquer: l'image finale de Manny-Jon Voight en pied, à la recherche de sa destinée, comme un héros guerrier qu'après sauver la vie de ceux qui peuvent encore vivre chevauche vers la mort non seulement sans peur mais avec acceptation provocante (comme s'il disait: <<bien, mort, je te veux... je vais à ton rencontre... ce sera mon acte le plus sublime... je suis le seul maître de ma vie...!>>).

Ici un vidéoclip sommaire du film. Je ne suis pas d'accord avec la critique général qui exprime yuyureiyanaxeno; oui, avec son appreciation du travail de Jon Voight.

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