Friday, January 12, 2007

Babel


L'hasard, l'effet domino, la comunication -la manque de comunication, les interférences-, la bonne et la mauvais chance, les différences et les similitudes, l'isolement et la solidarité (plutôt, la compasion), la méfiance et la mesquinerie, la peur et la confiance, enfin, les vicissitudes d'une societé globalisée et non obstant rangée en compartiments étanches... Babel est tout ça et beaucoup de plus.
Qu'est ce qu'il se passe lorsque ces compartiments étanches sont obligés à interagir? La tour de Babel, la confussion, les difficultés pour se comuniquer, l'égoisme des riches, l'hospitalité des pauvres (?), et même l'incomunication survenue à une societé riche quand il y a des barrières à cause de problèmes physiques (surdite, mutisme, etc...).

Superbe culmination de cette trilogie de vies croisées qui forment Amores Perros (2000), 21 gramos (2003) et, maintenant, Babel (2006), du surprenant réalisateur Alejandro González Iñárritu (Mexico, 1963), prix du meilleur réalisateur à Cannes 2006.

C'est un film estructuré selon la classique recette d'histoires apparemment indépendentes qui finiront par s'entrelacer et dont les representants actuels de référence sont: Short Cuts (Robert Altman, 1993) un vrai tour de force d'un des meilleurs directeurs de toujours (il vient de mourir au fin de la derniere année), Grand Canyon (Lawrence Kasdan, 1991) plus plaissante et encourageante, et, plus récemment, Crash (Paul Haggis, 2004) plus trépidant et palpitant, réalisée par l'un des scènaristes plus prolifiques des derniers temps (The Million Dollar Baby, Casino Royal -la nouvelle étape de James Bond- ou le dernier film de Clint Eastwod " Flags of Our Fathers").

Le message: toute action entraîne à son tour un tourbillon d'actions. Tout est mis en rapport avec tout.

L'action se déroule à trois/quatre théâtres differentes: EEUU/Mexico, le Maroc et le Japon, c'est à dire deux pays dites du premier monde et deux pays qui peuvent se considérer du deuxième monde (bien que l'action au Maroc -un milieu rural et montagneux- semble se passer à le troisième monde).

Film désespéré et encouragé en même temps. Film de grands valeurs et de petites misères:
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L'amour, toujours l'amour, mais fermé sur soi-même, grandiose mais complaisant, aveugle et même impitoyable avec ce qui est d'autrui; l'amour qui sauve et l'amour qui est capable de condamner, l'amour sophistiqué et l'amour impulsif. Mais, ici, il n'y a pas le grand amour, l'amour qui aime tout et à tous, l'amour de celui qui s'oublie de soi-même -existe-t-il réelment?- (le seul, l'amour du père, l'amour de la mère, et cela timidement).
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L'amitié, complice mais superficelle, une amitié quotidienne, legère; une amitié que, tout compte fait, ne remplisse pas le vide intérieur, qui ne nous aide pas lorsque nous nous trouvons devant nos problèmes plus essentiels. Parfois existe une plus grande authenticité dans l'amitié de circonstances, soudain, de l'être humain qui est seul devant la tragedie, devant la solitude, devant l'horreur.
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La solitude, de chaqu'un avec soi-même et de chaqu'un dans une societé fragmentée, riche, -plus elle est riche, plus elle est fragmentée-; une societé de bien-être économique mais d'une pauvreté morale préoccupante.
L'être humain sera toujours seul devant la mort et devant une situation d'incomunication... Heureusement qu'il existe la compassion, c'est à dire, la capacité pour se placer dans le lieu de l'autre, pour avoir pitié de l'autre. La compassion est un des ponts qui relie aux êtres humains -un autre c'est l'amour, et un autre l'amitié-.

En plus, quelques clins d'oeil presque comiques devant certaines situations crées grâce à cette psychose d'insegurité que nous vivons actuellement (le terrorisme, l'inmigration, le sexe). Et j'ai dit presque comiques parce que le sourire devient gelé devant la tragédie que cettes situations provoquent. C'est l'humeur paradoxal de l'absurd.

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Enfin, le film aussi propose la question -et je pense qu'il la resoudre très bien- de la nécessité d'une rélation plus ouverte, plus sincère, plus fondamentale, plus compassive, parmi les êtres humains pour éviter les malentendus et des situations qui peuvent devenir tragiques.

À recommander absolument.

NOTE.- à remarquer aussi ce dialogue de sourdes nord-sud, ce saut au vide de la méfiance parmi voisins, ce racisme absurd produit de l'ignorance, l'égoisme et la peur; la peur à l'interculturalité, à perdre les privilèges, à les differences, en definitive, à l'autre -et plus il est different, plus il inspire la peur-. Un racisme contaminé de classisme (oui, oui, je pense que la lutte des classes est encore en vigueur de nous jours. Peut-il avoir quelqu'un qui pense le contraire? Quelqu'un de moyennement intelligent?).
Pour illustrer ça, voici part d'un des dialogues:
- Mon papa dit que le Mexique est dangereux- (dit le petit fille de Brad Pitt)...
- Oui, il y a beaucoup de mexicains- (répond Gael García Bernal -un de ces mexicains-)
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Mais toutes ces questions n'importent que en la mesure oú il existe une conscience... et la majeur part du monde n'en est pas conscient... jusqu'a ce qu'on se trouve dans une situation exceptionnelle... C'est la raison d'être de ces films.

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