Saturday, December 02, 2006

Déesse du néant

Billie Holiday - Fine And Mellow (1944 )
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L'âge d'or du jazz. Aussi l'age d'or des jazz women singers.
Billie Holiday: la plus grande, l'une des femmes plus divines de tous le temps. Douée d'un génie immense pour chanter et transmettre sentiments. Elle exprimait toute sa souffrance en la transmuant en beauté sonore. L'oiseau qui chante la plus belle chanson derrière les barreaux de sa propre prison.
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Elle est l'incarnation du génie incompris, du génie qui comprend pas; du génie maltraité; du génie vilipendé; du génie solitaire; du génie insatisfait; du génie pur indissolublement uni à son rôle; du génie que ne peut pas être une autre chose: du génie nécessaire.
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Elle est le regard d'une stupeur. Il y a dans son regard la merveilleuse tristesse de la beauté prisonnière, renfermée dans l'immonde cage d'une destinée trop sale. Ses yeux pleins d'étonnement semblent dire pourquoi?. C'est son regard un bizarre mélange de perplexité et imploration. La beauté qui distille son regard est une beauté qui pleut... et ses larmes voyagent dans l'air sur sa voix déchirée. Comme si son chant était le chant du cygne... chaque fois qu'elle chante.
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C'est l'éternel cas du gènie débordant et malheureux qui fleurit malgré tout comme une belle rose dans un vidoir. À fin de compte il faut de la pourriture pour amender une nouvelle vie; la terre plus feconde est celle qui reçoit plus détritus; les excréments sont nécessaires pour créer la beauté, la souffrance aussi.
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Billie Holiday, le nom d'une déesse du jazz, d'une déesse du malgrétout. Consolation pour abattus -et battus.
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Ici avec une pléyade de jazzmen superbe. Quelle quantité de talent par centimètre carré!
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