Monday, March 05, 2007

Demi-Vérités (I)


Il faut dire que pour un esprit romantique ce qui est vraiment difficile c'est vivre pour une femme ne pas mourir pour elle.

Pour celui qui place l'Amour comme axe centrale de l'existance c'est relativement plus facile se perdre par une femme que vivre pour elle.

Le plus précieux de l'Amour est le désir renouvé, l'envie insatisfaite, l'espoir sostenue, le mystère, la satisfaction qui ouvre nouvelles portes vers la promeesse infinie; ce jeu d'aller et retour aux sources du plaisir, un plaisir jamais comblé, un plaisir frais et vivifiant qui jaillit de l'élan vital de l'univers.

Cet élan de recherche existentialiste qui pousse la prolifération de la vie n'est qu'un essai perpetuel de l'âme de l'universe pour devenir infini, pour transcender la propre vie: tourbillon de désirs individuels qui se relient mutuellement pour trouver un nouveau être, une nouvelle source de désirs, toujours insatisfaits -par définition et nécessité-.

L'être romantique est une tentative maladive -déçue- de cet élan vitaliste universel dont le composant émotionnel abstrait est trop fort, ce qui provoque une perte de forces matérielles generatrices en faveur de créations plus ou moins espirituelles dont l'Art est l'échantillon plus irréfutable... Mais l'art est aussi univers, c'est la forme plus raffinée de concevoir l'univers, plutôt, l'art est une façon d'exprimer l'intuition des univers possibles; intuition puissante qui peut provoquer la folie si elle n'est pas exprimée proprement.

Donc, l'être romantique est un excès de sensibilité pour pressentir l'énorme potentiel representatif de l'Amour, l'epique imaginaire de l'Amour, et qui, par conséquent, ne peut pas se résigner à l'amour ordinaire et quotidien, soumis de préférence à la dictée de la chair. L'être romantique cherche beaucoup de plus... et s'il ne le trouve pas... bon, peut être préférable d'y mourir avant de se plier à la médiocrité, de se contenter des miettes des frottements et les gémissements.

Pour l'être romantique la femme aimée est quelque chose de plus qu'un champ de bataille amoureux, c'est, en outre, une navette avec laquelle tisser le tapis de la propre vie, un vehicle pour voyager aux territoires pressentis par son âme, une muse capable de l'inspirer et rendre possible la réalisation de son intuition: cette puissance créatrice de belles néantises.
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Comment s'étonner que pour le romantique la mort pour amour puisse-t-elle être plus préférable qu'une vie monotone et paisiblemente vide, si de cette façon réaffirme son intuition souveraine et sa supériorité sentimentale?
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Quel vertige, mon dieu!
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Dormir, s'enivrer, aimer... peut-être mourir?
Fuir, toujours fuir d'une réalité nécessaire qui nous écrase contre notre néant quotidienne.

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