Wednesday, June 28, 2006

Jouissance Esthétique et Sensualité

Haute, La Beata Ludovica Albertoni, oeuvre de Gian Lorenzo Bernini

«Ce que le mystique n'a pu dire (au moment de le dire, il défaillait), l'érotisme le dit:Dieu n'est rien s'il n'est pas dépassement de Dieu dans tous les sens; dans le sens vulgaire, dans celui de l'horreur et de l'impureté. finalement dans le sens de rien...Le désir est chaque fois l'origine des moments d'extase, et l'amour qui en est le mouvement a toujours en un point quelconque l'anéantissement des êtres pour objet... La transe mystique, de quelques confession qu'elle relève, s'épuise à dépasser la limite de l'être.Sa brûlure intime, portée à l'extrême degré de l'intensité, consume inexorablement tout ce qui donne aux êtres, aux choses, une apparence de stabilité...... le sommet n'est à la fin que l'inaccessible. Je survis ne pouvant rien faire à la déchirure, en suivant des yeux cette lueur qui se joue de moi.... j'entre à nouveau dans la nuit de l'enfant égaré, dans l'angoisse, pour revenir plus loin au ravissement et ainsi sans autre fin que l'épuisement, sans autre possibilité d'arrêt qu'une défaillance. C'est la joie suppliciante».
G.Bataille (l'Erotisme)


Droite, L'Extase de Sainte Thérèse, oeuvre de Gian Lorenzo bernini.

« Je voyais près de moi, à ma gauche, un ange dans sa forme corporelle, ce qu’il ne m’arrive de voir qu’exceptionnellement […] L’ange n’était pas grand, plutôt petit, d’une grande beauté, son visage très enflammé le désignait comme des plus élevés, qui semblent tout embrasés […] Je voyais dans ses mains un long dard en or, avec, au bout d’une lance, me semblait-il, un peu de feu. Je croyais sentir qu’il l’enfonçait dans mon cœur à plusieurs reprises, il m’atteignait jusqu’aux entrailles, on eût dit qu’il me les arrachait en les retirant, me laissant tout embrasée d’un grand amour de Dieu. La douleur était si vive que j’exhalais ces gémissements dont j’ai parlé, et la suavité de cette immense douleur est si excessive qu’on ne peut désirer qu’elle s’apaise […] ».
Thérèse d’Avila, Autobiographie, Œuvres complètes, Desclée de Brouwer, 1964, page 207.




Ce que La Jouissance Esthétique est, ce que la Jouissance Esthétique a de Sensualité, enfin, ce que la Jouissance Esthétique implique dans l'état de conscience et animique de l'homme et de la femme il est le point de départ pour la création artistique, aussi pour la contemplation joyeuse de l'oeuvre d'art.
Cette Jouissance Esthétique est la base du frisson experimenté devant de la beauté quelle qu'elle soit... et ce frisson parcoure tout le dos du corps jusqu'a... l'âme.

La création artistique est le sexe de l'esprit. Le besoin qu'ont l'homme et la femme d'exprimer ses émotions d'une façon artistique n'est plus qu'une manière d'exprimer, de faire, l'amour qui s'enfonce dans l'esprit: l'amour à la vie, l'amour à l'Autre, l'amour aux dieux.

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Les plus hautes cotes de l’érotisme se donnent lorsque se réjoint un regard nu, un corps voilé et une imagination créative: c’est l’exaltation de la chair.

L’élan créative est impregné de l’érotique: l’artiste doit contempler la réalité avec des regards dépouillés pour la déshabiller à son tour: la nudité étonnant du Beau.

L’artiste est un interprète de la réalité cachée, de la beauté voilée; c’est un chercheur de trèsors occultes, un Champolion du Beau

En outre, n’éxiste pas l’élan créative sans l’érotique. La créativité se nourrit de l’érotisme, et l’érotisme se sert de la créativité pour s’embellir.

À la peinture Picasso, Toulousse Lautrec, Klimt, tous eux sont créateurs depuis un érotisme exuberant et suggestif, même explicite, toujours beau.

Dans la sculpture de Rodin ou Bernini, plus qu’à Praxiteles ou même Michel Angel, est évident la presence de la charge érotique dans la création artistique.

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