Fábula de Polifemo y Galatea, chef-d'oeuvre absolue de la poèsie baroque. Il s'agit de la fable qui raconte l'amour de la ravissante nymphe Galatea et le beau berger Acis et la ultérieure mort de celui-ci de la main du jaloux cyclope Polyphème -qui est amoureux d'Elle-. L'action se déroule dans l'île de Sicile et appartient à la poèsie bucolique ou pastorile.
Cette fable fait partie de la mythologie grecque et va passer à la latine surtout par l'oeuvre d'Ovide, Les Métamporhoses.
Góngora va surmonter son modèle Ovide en composant une oeuvre ronde, parfaite, plus aimable, plus lyrique, plus coloriste, bien que plus difficile à comprendre. Il voulait de cette façon créer un oeuvre impérissable, une oeuvre originale d'un thème déjà connu. Son style culte et extrêmement baroque est doué d'une beauté esquise, élegante, dèlicate; mais, surtout, une beauté técnique suprême.
Écrite sous la forme de huitaines hendécasyllabes (octavas reales) le génie du poète cordouan recrée une histoire d'amour sensuelle avec de fin érotisme dans un théâtre de paysages simples mais beaux (Acis-Galatea); une histoire d'amour non correspondu mais caipable d'adoucir le feroce caractère du cyclope (Polyphème-Galatea); une histoire qui devient tragèdie quand le redoutable amoureux repoussé découvre aux amants et tue au malheureux berger; une histoire fantastique, puisque la pitié des dieux font que la sang d'Acis devienne de l'eau cristaline et le même Acis soit coulant fleuve, en étant ainsi une manière de surmonter la mort.
Beaucoup s'est écrit de cette oeuvre magistrale, ils sont déjà classiques les études de Dámaso Alonso, Robert Jammes, Walter Pabst, Alexander A. Parker,...
Moi, je vous propose à titre d'échantillon, ces trois strophes oú, d'une façon superbe, s'exprime la liaison d'Acis et Galatea. Jamais avant ne s'était exprimé l'érotisme chez une couple d'une manière si belle, si suggestive, si litteraire et lyrique; l'acte d'amour devient alors le plus pur plaisir esthétique, plein d'images évocatrices, plein de subtilités, plein de sensualité espirituelle.
Voyons:
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40
Sobre una alfombra, que imitara en vano
el tirio sus matices (si bien era
de cuantas sedas ya hiló, gusano,
y, artífice, tejió la Primavera)
reclinados, al mirto más lozano,
una y otra lasciva, si ligera,
paloma se caló, cuyos gemidos
-trompas de amor- alteran sus oídos.
41
El ronco arrullo al joven solicita;
mas, con desvíos Galatea suaves,
a su audacia los términos limita,
y el aplauso al concento de las aves.
Entre las ondas y la fruta, imita
Acis al siempre ayuno en penas graves:
que, en tanta gloria, infierno no son breve,
fugitivo cristal, pomos de nieve.
42
No a las palomas concedió Cupido
juntar de sus dos picos los rubíes,
cuando al clavel el joven atrevido
las dos hojas le chupa carmesíes.
Cuantas produce Pafo, engendra Gnido,
negras violas, blancos alhelíes,
llueven sobre el que Amor quiere que sea
tálamo de Acis ya y de Galatea.
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La difficulté de ces vers -qu'elle y est-, son baroquisme plein d'une compliquée syntaxe, ses allusions constantes à la mythologie classique -qu'il faut connaître pour comprendre et, par conséquent, se réjouir completement du sens-; les éblouisantes métaphores que mettent en rélation des choses ou effets naturels et des significations culturelles; son acharnement pour chercher le mot le plus précis, le plus sonore, le plus lumineuse, pour récreer un nouveau sens jamais avant trouvé; tout cela fait partie de la, parfois, difficile tâche de comprendre proprement la poèsie gongorine.
Il faut être un explorateur du language, un aventurier des mots, un inconformiste intelectuel, un tenace chercheur de la beauté, pour s'aprocher à la hauteur de compréhension -et de jouissance- de la lyrique renfermée dans ces chefs-d'oeuvre: La Fábula de Polifemo y Galatea et Soledades, de Luis de Góngora.
Pour un prochain post le commentaire littéraire pour éclaircir ces strophes (les cléfs).
Bonne lecture.