Monday, October 09, 2006

Un Morceau du Paradis


Je suis en train de lire Fábula de Polifemo y Galatea de Luis de Góngora y Argote, le plus insigne poète de la langue espagnole.

Appartenant à la pléiade d'extraordinaires litterateurs du Siècle d'Or espagnol (S. XVI-XVII), sa poésie baroque atteint le plus haut niveau de lyrisme et perfection -et par conséquent, de beauté-.

Si Lope de Vega était appelé Fénix de los Ingenios, celui même Lope et Cervantes, parmi beaucoup d'autres, appelaient Príncipe de los Poetas à Góngora (Primus inter pares!).

D'après Menéndez Pelayo (érudit, historien et criticien des idées, conservateur) il y avait deux Góngora, celui de la lumière et celui des tenèbres (Príncipe de la Luz y Príncipe de las Tinieblas). Mais cette distinction est superficielle et erroneée (d'après Dámaso Alonso et toute la Géneration du 27 -Lorca, Aleixandre, etc.-) et produit d'un aveuglement pour apprécier le sublime de l'art non conventionnel, de l'art qui recherche nouvelles façons d'expression, de l'art qui veut, qui demande éternité: l'oeuvre total.
Celui-ci était Góngora, le poète total qui ne se conformait avec sa simple génie.
Il va chercher la génialité de la complexité des correspondances pour arriver à la beauté absolue, surtout dans ses chefs-d'oeuvre, ses grands poèmes Fábula de Polifemo y Galatea et Soledades.

Reconu autour du monde comme une des poètes plus fins et élegants -aussi plus difficiles, puisque son art éminent cherchait des esprits aussi fins que le sien-, il est, en outre, le poète d'une plus débordant musicalité. Cette musicalité est due à une complexe composition qui comprend des mots, des significations, de syntaxe et de versification. Ses images poétiques sont pleines de beauté sonore et chargées de sens originaux et précis.

Ceux qui le taxaient d'obscur et maniériste ne voyaient que son prope aveuglement, le voile de l'ignorance -ou de la jalousie- les empêchait découvrir la luminosité éblouissante qui projettent ses vers lorsqu'ils sont lus avec attention (il faut savoir que Góngora avait une forte formation classique et que son intention était créer une oeuvre immortelle, au niveau des grands classiques comme Virgile, Ovide ou Horace -ce qui va arriver).

Il va enrichir la langue espagnole avec beaucoup de mots considerés par ses détracteurs comme latinismes et qui sont aujourd'hui employés d'habitude. En outre, il va avoir une influence déterminante dans la poésie de son temps, après il sera oubliè... jusqu'à le fin du XIXème siécle quand les simbolistes françaises -Les Parnassiens- vont à lui découvrir (Paul Verlaine, surtout) et après, quand au début du XXème, la géneration du 27 espagnole va lui revendiquer comme l'un des plus grands créateurs d'images impressionistes de la poésie espagnole et européenne.

Ce cordobés universel, chrétiennement païen, joueur et discrètement ogueilleux; ce Prince des Poètes, cet Homère Espagnol, il mérite l'hommage senti de tous ceux qui jouissons jusqu'à l'ivresse avec la beauté de ses vers parfaits.


(...)
Llegó todo el lugar, y, despedido,
casta Venus, que el lecho ha prevenido
de las plumas que baten más süaves
en su volante carro blancas aves,
los novios entra en dura no estacada:
que, siendo Amor una deidad alada,
bien previno la hija de la espuma
a batallas de amor campo de pluma.

(Soledades, Soledad Primera, vs 1084-1091)


23
La fugitiva ninfa, en tanto, donde
hurta un laurel su tronco al sol ardiente,
tantos jazmines cuanta hierba esconde
la nieve de sus miembros, da una fuente.
Dulce se queja, dulce le responde
un ruiseñor a otro, y dulcemente
al sueño da sus ojos la armonía
por no abrasar con tres soles el día.

(Fábula de Polifemo y Galatea, vs 177-184)

Luis de Góngora y Argote, Poeta Máximo de la Lengua Española.

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